L’album “Ô Guérillères” de Draga est un coup de foudre musical et littéraire, une véritable célébration de la pensée révolutionnaire de Monique Wittig qui prend ici toute sa force et une actualité brûlante. Les textes extraits des “Guérillères” résonnent comme des incantations, scandés, clamés, hurlés par un collectif de musiciennes qui incarnent le pouvoir de la sororité, la révolte et la fête.
Au fil des titres, Draga propose un album sensoriel et incendiaire, qui ne s’écoute pas seulement mais se ressent et se vit. C’est un disque important, une invitation à inventer de nouveaux rituels collectifs, à “cultiver le désordre”, à porter haut la voix des guérillères d’hier et d’aujourd’hui.
Ce qui me passionne dans ce disque, c’est cette électricité punk rock, viscérale, organique, traversée de sons bruts, de percussions et de basses lourdes, une énergie qui insuffle courage et audace. Les voix, mêlées ou seules, se répondent en chœur subversif et jubilatoire, mais c’est surtout la voix d’Anna Mouglalis qui fait vibrer chaque morceau : caverneuse, rauque, en colère, elle habite les mots de Wittig, leur donne chair et puissance, et fait exploser la charge politique et poétique du texte. On sent dans chaque fragment du disque l’urgence à s’exprimer, à revendiquer une nouvelle dynamique féminine, libre et fière.
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